La problématique de Sieyès ***
La conception de la nation que développe Sieyès a pour mérite d’établir une relation entre base économique, le mode de production et d’échange, et les institutions politiques ou « établissement politique de la nation ». La nation est une association d’agents économiques dans une société “d’échanges libres”, complétée par l’association “politique” des citoyens qui lui correspond. La révolution se devait d’assurer une pleine correspondance entre les deux.
Keith Baker a souligné l’imbrication de deux discours dans l’argumentation du discours de Sieyès : discours « social » et discours « politique », dirigés tous deux contre le discours du constitutionnalisme parlementaire et des privilégiés. Ces deux discours sont au service du déploiement sans entraves des rapports d’échange marchands, et des conditions politiques de leur prévalence, dans une situation historique donnée. La phrase “libérale”, apologie d’une société d’échanges réglée par la division du travail, sert de support à une exhortation politique volontariste. Au point d’articulation des deux discours, la nation se définit tout à la fois comme combinaison d’activités productives (utiles) et forme politique d’union des associés.
Au début du processus révolutionnaire, le discours “politique” de Sieyès pose la nécessité d’une alliance avec le peuple contre la classe privilégiée, « classe stérile », extérieure à la société d’échanges libres, et donc à la nation. L’alliance provisoire s’expose par une coïncidence, ponctuelle, entre peuple et nation.
La nation, sa “matière sociale”, sa “forme politique”
Exposant dans un même mouvement nécessités d’ordre social et politique, Sieyès affirme son opposition aux formes de propriété et d’assujettissement féodal. Contre ces formes, « l’art et le commerce » jouent un rôle essentiel dans la « multiplication des dons de la nature » (développement des forces productives) et dans « l’affranchissement de la servitude féodale ». La division du travail, corrélative de ces échanges d’activité, effet et cause du développement des richesses, multiplie les moyens de satisfaire les besoins, perfectionnant l’industrie pour l’avantage commun. Par rapport à l’ordre privilégié, situé hors de l’orbe des échanges de travail, le Tiers État est le seul ordre qui assure la subsistance et la prospérité de la nation, ses travaux « soutiennent la société », il se définit par rapport au « travail utile », socialement utile. Tous ces travaux, fruits de l’activité du Tiers État, forment « la nation complète », « le tout de la nation », toute les classes du travail étant les unes par rapport aux autres « coproductrices ».
La liberté de la production et des échanges, est au fondement de l’ordre social qui doit s’imposer et la société, au sens “d’état social” (1), doit garantir cet ordre. La forme politique d’association joue un rôle directeur dans la transformation de l’ordre ancien. Contre le régime des privilèges, elle donne les conditions d’un « échange continuel entre les associés » (2), et entre ceux-ci et l’association sociale. L’échange libre des travaux ou de produits du travail constitue pourrait-on dire la “matière” de la vie sociale. La société politique, contre le régime des privilégiés, « classes stériles », lui confère une “forme” conforme à son “essence”. Nul homme, du fait de son état, ne doit pouvoir « jouir du travail d’autrui sans échange ».
Les rapports avec « nos semblables » indique Sieyès font qu’on les considère « ou comme moyens ou comme obstacles ». Pour qu’ils se présentent en tant que moyens réciproques, il faut un état social édifié sur la base d’un intérêt général.
« Une société ne peut avoir qu’un intérêt général. Il serait impossible d’établir l’ordre, si l’on prétendait marcher à plusieurs intérêts opposés. L’ordre social suppose nécessairement unité de but, et concert des moyens ».
L’unité visée implique que toutes les classes entrent dans la même convention.
« Plus tôt ou plus tard, il faudra que toutes les classes se renferment dans les bornes du contrat social » (3).
Les relations établies par Sieyès entre mode de production et d’échange, et, formes politiques, sont au cœur de sa théorie du pouvoir constituant. L’établissement public de la nation, « création sociale », procède de la nation.
« La nation existe avant tout […] avant elle et au-dessus d’elle il n’y a que le droit naturel » (4).
La nation constituante est libre de toute contrainte positive héritée du passé. Détenant seule le droit de vouloir, à l’image du Souverain dans le Contrat social de Rousseau, la nation forme la volonté générale. Origine de toute légalité, sa volonté est la loi même. Le pouvoir constituant de la nation possède une « spontanéité créatrice » (5) qu’aucun état de fait ou de droit ne peut enchaîner.
« La nation seule peut vouloir pour elle-même et par conséquent, se créer des lois » (6).
Dans ce moment constituant, les rapports sociaux, l’économie, les classes, ne sont nullement évacués par Sieyès, au profit d’une nation qui serait exclusivement “politique”. La nation, dans sa “base matérielle” est supportée par l’ensemble des activités réciproquement utiles, et comme ces activités sont elles-mêmes supportés par le Tiers État, classes associées dans la production et l’échange libres, celui-ci constitue le « tout de la nation », opposé aux “classes stériles”, qui ne participent pas de cet échange, privilégiés inutiles et « à la charge de la nation ».
Au tout de la nation, préexistant à toute forme positive, doit correspondre un établissement politique, « Assemblée de la nation ». Cette assemblée marque la caducité de la forme des États généraux, qui reproduit la division en ordres et expose des intérêts partiels, contre le tout de la nation. Seul le Tiers État, ensemble des classes utiles à la nation, peut se présenter comme « tout de la nation », se dissolvant par là en tant qu’ordre. En même temps qu’on établit l’établissement politique de la nation, celle-ci peut ainsi s’affirmer véritablement comme société d’échanges libres.
L’unité de la société fondée sur cet échange s’affirme aussi contre les personnes, corps, ordres, contre toute division en provinces, villes, communautés qui revendiquent un « droit propre », des privilèges ou défendent un « esprit de corps ». La France, « tout unique » doit cesser d’être un « assemblage de petites nations ». Villes, communautés, provinces, doivent se réduire à de simples divisions géographiques, « nulles par rapport à la société », qui est une. Les intérêts locaux, ou partiels, ne doivent pas prévaloir dans l’Assemblée de la nation. Le citoyen lui-même exerce des droits nationaux, en élisant ses représentants, non des droits particuliers, le corps électoral se présente comme instrument de la nation. Dans la définition de l’unité de la nation, la mise en avant de rapports sociaux est centrale, contre toute idée d’origine, relevant de modes de production et d’échange du passé (divisions selon la “naissance” ou l’appartenance “communautaire”).
Représentation par les experts et limites de la “citoyenneté”
Se conformant ou non à ce schème premier, la question de la représentation politique, est à considérer chez Sieyès sous deux angles, celui du combat mené contre les formes communautaires anciennes, celui de la conservation du nouvel ordre « d’échanges libres » [société marchande capitaliste délivrée de ses entraves].
— Considérée sous l’angle de la lutte contre le régime ancien, la nation prend, dans Qu’est ce que le Tiers État ? la place du Souverain. Dans son mode de réalisation politique, la nation est le corps des associés, association légitime, volontaire et libre d’individus. Le corps des associés vit sous la loi qu’il a lui-même formée. Souveraine, la nation ne peut aliéner son droit de vouloir. La volonté générale de la nation ne peut émaner que de la nation et s’exprime dans le cadre de l’ordre commun.
« La volonté est inaliénable, les peuples sont inaliénables, le droit de penser, de vouloir, et d’agir pour soi est inaliénable » (7).
Le vœu national, l’intérêt commun excluent tout ce qui sort de cet ordre : intérêts liés aux personnes, aux communautés, corps, lois et droits privés exorbitants du droit commun. La volonté commune d’une nation ne peut se séparer de la pluralité et celle-ci ne peut se séparer du tout, se détruire elle-même, faire que l’avis de la minorité (ordres privilégiés) soit l’avis de la pluralité (majorité). La volonté commune ne peut ici faire de distinctions entre les individus, les citoyens.
« Les volontés individuelles sont les seuls éléments de la volonté commune » (8).
Seuls les privilégiés échappent à l’ordre commun, dans la mesure où ils ne contribuent pas à la vie de la nation, ils sont « étrangers à la nation ». Les véritables étrangers sont ainsi ceux qui se séparent de l’ordre commun par leurs privilèges (lois privées), jusqu’à devenir des “ennemis”, « aussi ennemis que le sont Français et Anglais en temps de guerre ».
Le gouvernement appartient en revanche au droit positif, il est exercé « par procuration ». En théorie ceux qui détiennent le pouvoir sont des commis, des exécutants de la volonté de la nation, qui les soumet à des règles qu’il ne sont pas maîtres de changer.
— Sous l’angle de la conservation du nouvel ordre social, la logique de « l’ordre commun » va se trouver fragmentée. Sieyès distingue plusieurs « époques » dans la formation des sociétés politiques. Au cours de la première époque, révolue, a prédominé comme dans l’état de nature, le jeu des volontés individuelles. Lors de la deuxième [et pour ébranler l’ancien ordre], était requise « l’unité de volonté » de la communauté, « tout voulant et agissant ». Le pouvoir appartenait au public, les volontés particulières en étaient l’origine. Au cours de la troisième période, [la destitution des anciens pouvoirs étant accomplie], un « détachement » d’une portion de la volonté nationale, peut et doit être opéré, selon Sieyès. La communauté ne se « dépouille » pas de son droit de vouloir, propriété inaliénable, elle en « confie » une portion à un corps de délégués, qui, toujours en théorie, ne peut déranger les limites du pouvoir confié. Il n’y a plus dans le corps des délégués « volonté commune réelle », mais « volonté commune représentative », portion de la « grande volonté commune nationale ».
Sieyès utilise les termes de volonté et de pouvoir, sans strictement distinguer comme le fait Rousseau entre représentation de volonté et de pouvoir. Les glissements dans les termes conduisent à assimiler les deux catégories de représentation. Si dans la mise en place générale des rapports entre souverain et gouvernement, il refusait de voir s’établir un corps de magistrats permanents, il pose maintenant en parallèle, par l’institution d’une « volonté représentative », des éléments de prééminence effective de l’instance du pouvoir, stipulant que seul le gouvernement se trouve habilité à se constituer en corps.
Le peuple ne peut quant à lui former des associations politiques et se trouve réduit à n’être qu’une « collection d’individus ». Non « institué » en tant que peuple comme chez Rousseau, il ne peut se poser en sujet de la volonté publique. Formellement érigé à partir « d’en bas », de la nation, l’ordre politique est pratiquement subordonné à la tête, qui s’émancipe par rapport à la volonté commune.
La concentration de la volonté et du pouvoir dans une fraction restreinte du corps social, trouve un prolongement au niveau de la distinction opérée entre qualité de « représentant » et de « représentable ». Dans le combat contre l’ordre privilégié, c’est le mode de représentation commune qui devait s’imposer, récusant la représentation communautaire et féodale, la qualité de représentant comme celle de représentable, ne pouvant appartenir qu’à l’ordre commun. La récusation de toute agrégation de volontés partielles, d’ordres ou de corps, conduisait à faire place aux seuls individus, sans distinctions de qualité.
Au regard de la conservation de la société “d’échanges libres” [mode de production et d’échange marchand capitaliste], les « droits politiques actifs », « ceux par lesquels la société se forme », doivent maintenant se trouver de nouveau inégalement accordés tant dans la qualité de citoyen que dans celle de représentant. L’égalité “politique” reconnue formellement à chacun et à tous, se limite en fait à la sphère de la société civile, rapport d’égalité formelle des échangistes, expression réciproque des activités particulières, égalité devant la loi, protection égale de tous les individus.
Dans l’organisation politique générale, prévaut une supériorité fonctionnelle. Être représentable est un droit qui n’est pas accessible à tous. La qualité d’habitant ne suffit pas, il faut être habitant et tributaire d’une définition restreinte de la chose publique. La qualité de représentant requiert en outre une qualification spécifique. Théoriquement placées sous le régime de la « libre concurrence », les fonctions publiques ne peuvent être pratiquement assumées que par des “capacités”. La fonction de citoyen requiert elle aussi des qualités particulières. Certes, indique Sieyès (Dire sur la question du vote royal), on ne peut « refuser la qualité de citoyen et les droits du civisme » à la « multitude sans instruction ». Puisqu’ils doivent obéir à la loi, les hommes de cette multitude doivent aussi « concourir à la faire » et ce « concours doit être égal ». Mais ajoute-t-il, ne faut-il pas envisager deux manières d’exercer ce droit : en concourant soi-même immédiatement à faire la loi ou en commettant l’exercice de ce droit à des « représentants bien plus capables qu’eux-mêmes de connaître l’intérêt général et d’interpréter à cet égard leur propre volonté ». Récusant le concours immédiat, ou « véritable démocratie », Sieyès se prononce pour le « concours médiat », ou « gouvernement représentatif ».
Les fonctions de représentation, qui correspondent à l’époque de la « volonté commune représentative », liée aux progrès de la division du travail, doivent être exercées comme autant de professions spéciales, du ressort de compétences particulières. Les « vrais représentants » de la nation, doivent certes être tirés du Tiers et se révéler « habiles à être les interprètes de ses vœux », mais de telles qualités reviennent aux « classes disponibles », dégagées des préoccupations de survie immédiate, capables de saisir « les grands rapports sociaux » et de dispenser « les lumières de la morale publique » (9).
Les classes non disponibles (peuple rivé au travail et aux préoccupations de survie) sont étrangères à toute « idée sociale ». De fait, la majorité des hommes ne sont que des « machines de travail », « multitude sans instruction et qu’un labeur forcé absorbe en entier ». Pour régler le « mécanisme social » il faut des « experts », non des hommes de cette multitude, qui, toujours enfant, considère le mécanisme social comme « un joujou » (10). A la domination des ordres privilégiés, est substituée une domination du savoir ou de la « perfection morale » qui scinde le corps politique.
« L’union est fondée sur la perfection du moral. Ce moral n’appartient qu’à une portion de la peuplade, le reste n’est admis dans la société que comme auxiliaire » (11).
Conservation de l’ordre présent et souveraineté des compétences
Comme le bourgeois qu’il met en scène (12), Sieyès a les yeux fixés sur un présent se concevant dans sa relation d’opposition au passé, voulant ignorer les conflits présents et à venir.
Le présent est affirmation d’une “société d’échanges libres” contre les entraves survivantes mais aussi refus de reconnaître le conflit en germe au sein des nouveaux rapports de production et d’échange, refus de reconnaître la scission du Tiers État en bourgeoisie et en peuple, scission qui signale la nécessité de nouveaux dépassements.
L’unité postulée du nouvel ordre, contraste avec la mise en évidence des divisions de l’ancien et l’unité du Tiers État contre les privilèges. Pour figer le processus révolutionnaire, il s’agit au présent de “verrouiller le système politique” (13), stabiliser le régime sur une crête où ne se manifeste encore que l’incompatibilité du passé et du présent. Dans ses écrits de 1789, Sieyès incarne, selon les formules de Pierre Rosanvallon, le moment où la classe bourgeoise tente d’imposer tout à la fois l’institution de la société par un contrat et sa régulation par le marché (14). C’est aussi le moment de la coïncidence et du passage entre deux formes de liberté : la liberté de l’individu contre tout ordre pré-donné, contre le système des dépendances personnelles et communautaires, et, la liberté de la propriété, des échanges marchands, contre toute entrave passée et future. La première liberté, volonté politique de briser les ressorts anciens, admet et requiert une mobilisation du peuple pour frayer la voie à l’expansion illimitée de la seconde. Sa besogne accomplie, la volonté politique de l’ensemble de la nation doit se trouver cantonnée dans le cadre des rapports sociaux marchands. La subordination de l’égale liberté des hommes à la liberté des échanges, arbore la figure de l’autorégulation, de l’abolition imaginaire des contradictions sociales. Ce ne sont plus des maîtres particuliers, des ordres, des groupes ou des classes qui imposent leur autorité, mais la nécessité incontournable du « mécanisme social » que les experts en la matière sont habilités à régler.
La liberté n’est pas seule à montrer sa tête de Janus, la représentation présente aussi un double caractère, s’ordonnant sur un présent qui occulte tout un pan du futur. La représentation fonctionnelle par les capacités, se substituant au principe d’égale compétence dans la définition du bien commun, reconduit au plan politique la division sociale du travail, sous l’espèce d’une hiérarchie légale et nécessaire des rôles sociaux, connexion de l’inférieur et du supérieur, reproduisant sous une forme autre l’ancienne hiérarchie « absurde » des ordres. Supplantant le principe de la représentation par ordres, le principe de la quantité, (souveraineté du nombre), se retourne en “qualité”, prononçant la caducité d’institutions faisant dépendre l’ordre politique de la volonté souveraine du peuple.
« L’art social » se présente également de façon double : affirmation universelle de la possibilité pour les hommes de définir leurs propres principes de fonctionnement social, et, savoir approprié de façon privée par les « classes disponibles », savoir que l’on peut opposer à la volonté du peuple. Les “experts” en « art social » sont par nature portés à dénier aux arts particuliers comme à la multitude toute capacité politique, n’admettant pas qu’elle puisse leur venir de leur participation à la vie sociale, du fait qu’il subissent les effets bénéfiques ou néfastes de tel ou tel mode d’organisation civile. L’art social, coupé de l’opinion commune, apanage des classes disponibles, doit, comme plus tard la raison chez Guizot, ou la compétence experte aujourd’hui, devenir le véritable souverain.
Et puisqu’il ne peut y avoir qu’un intérêt général, les divisions de la société, reconnues dans leurs effets, ne pourront s’exposer pour ce qu’elles sont, des divisions de classes, elles figureront l’opposition entre savoir, opinion éclairée, science de la mécanique sociale, et ignorance, passions aveugles (15). Si est reconnue l’égalité devant la loi, il n’en est pas de même de l’égale aptitude des hommes à décider ce qui est bon pour leur conservation, privant de tout sens les mots souveraineté du peuple ou démocratie. La “fonction rationnelle” de l’institution représentative renoue avec l’ancienne sagesse politique qui postule que si le menu peuple peut diriger ses affaires particulières, les affaires générales de la société sont du ressort exclusif des pouvoirs compétents.
NOTES
(1) Le mot société ne désigne pas chez Sieyès comme pour ses contemporains une forme quelconque de groupement humain, ni le mouvement spontané des relations qui s’établissent entre les hommes, la société relève aussi d’une convention.
(2) Essai sur les privilèges, réédition PUF, Paris, 1982.
(3) Qu’est-ce que le Tiers État ?, PUF, Paris, 1982.
(4) Ibid.
(5) Selon une expression de Paul Bastid, Sieyès et sa pensée, Paris, 1939.
(6) Qu’est-ce que le Tiers État ?
(7) « Préliminaire de la Constitution », Écrits politiques, édition de Robert Zapperi, Éditions des Archives contemporaines, Paris, 1985.
(8) Qu’est-ce que le Tiers État ?
(9) Ibid.
(10) Écrits politiques.
(11) Ibid.
(12) « Le privilégié a sans cesse les yeux sur le temps passé, le bourgeois les yeux fixés sur l’ignoble présent ».
(13) Voir B. Baczko, « Le contrat social des Français : Sieyès et Rousseau », in The french Revolution and the creation of modern political culture, III, Pergamon Press, Oxford, 1989.
(14) P. Rosanvallon, Le libéralisme économique. Histoire de l’idée de marché, Paris, 1989.
(15) Sieyès ne vise pas comme Robespierre à créer les conditions d’un accès égal à la chose publique, c’est la vie politique des sommets experts qu’il s’agit de « répandre » dans la société. La science sociale trouvera là son aliment, forgeant une semblable conception de la division fonctionnelle du travail et occultant les contradictions qu’elle ne peut et ne veut surpasser.
Autres références
Clavreul (Colette), « Sieyès et la genèse de la représentation moderne », Droits, 6, 1987.
Baker (Keith Michael), articles « Sieyès » et « Souveraineté », in Dictionnaire critique de la Révolution française, dir. F. Furet, M. Ozouf, Flammarion, Paris, 1988.
Desbrousses (Hélène), « Souveraineté et légitimité au regard des enjeux révolutionnaires », Cahiers pour l’analyse concrète, 34, 1994 ; Desbrousses (Hélène), « Un double caractère de la conception des classes : Sieyès », Cahiers pour l’analyse concrète, 35, 1995 ; Le lieu Politique. constitution et déconstitution, Inclinaison, 2016.
Jaume (Lucien), Échec au libéralisme. Les Jacobins et l’État, Kimé, Paris, 1990.