L’impérialisme, stade suprême du capitalisme

Pourquoi étudier aujourd’hui l’ouvrage de Lénine L’impérialisme stade suprême du capitalisme ?

Ce livre a été écrit en 1916 durant la Première Guerre mondiale (1). Cela peut paraître bien loin. Pourtant, ce n’est pas le fait que l’auteur soit un marxiste notoire qui incite à reprendre l’étude de l’ouvrage, mais parce que cela éclaire sur des problèmes contemporains, notamment au plan des rapports entre puissances mondiales, qui découlent de la “logique” du régime capitaliste, parvenu au stade impérialiste, dont l’essence, selon Lénine, est la lutte entre plusieurs impérialistes pour l’hégémonie mondiale.
Le titre indique d’emblée que le contenu de l’impérialisme est posé comme étant le « stade suprême du capitalisme », ce qui signifie que, étant toujours dans le capitalisme, les lois de ce régime s’appliquent toujours, mais à une échelle plus grande et sous des formes spécifiques.
On développera les points suivants : l’impérialisme stade des monopoles ; la domination du capital financier et de l’oligarchie financière (avec mise en avant l’importance du rôle des banques) ; l’exportation de capitaux ; le partage et le repartage du monde.

L’impérialisme et la formation des monopoles
Lénine analyse des séries de chiffres concernant plusieurs pays en pleine expansion comme l’Allemagne, la France, l’Angleterre et les États-Unis de la fin du XIXe au début du XXe siècles. Il établit que le déploiement de la libre concurrence implique un développement intense de l’industrie, entraînant la concentration de la production et la formation de grands groupes monopolistes.
Le développement des monopoles, conséquence de la concentration de la production, est une loi essentielle du stade impérialiste du capitalisme.
Mais qu’est-ce que les monopoles ?
Ce sont quelques entreprises géantes qui s’entendent pour le contrôle d’une branche de production dans sa totalité, et qui présentent,

« une particularité extrêmement importante du capitalisme arrivé au stade suprême de son développement est ce qu’on appelle la combinaison, c’est-à-dire la réunion, dans une seule entreprise, de diverses branches d’industrie qui peuvent constituer les étapes successives du traitement de la matière première… »

Les étapes principales du développement des monopoles peuvent se résumer comme suit :
1/ Années 1860-1880 : point culminant du développement de la libre concurrence. Les monopoles ne sont que sous forme embryonnaire, à peine perceptible.
2/ Après la crise de 1873 : période de large développement des cartels, ils ne constituent cependant que des exceptions. Ils manquent encore de stabilité. Ils ont encore un caractère passager.
3/ Essor de la fin du XIXe siècle et crise de 1900-1903 : les cartels deviennent une des bases de la vie économique tout entière. Le capitalisme s’est transformé en impérialisme.
Les cartels constituant des monopoles sont les maîtres du marché.

« Les cartels s’entendent sur les conditions de vente, les échéances, etc. Ils se répartissent les débouchés. Ils déterminent la quantité des produits à fabriquer. Ils fixent les prix. Ils répartissent les bénéfices entre les diverses entreprises, etc. »

Ils gèrent et contrôlent l’ensemble de la vie économique, ce qui conduit à une socialisation de la production à une échelle jamais atteinte jusque là, entraînant dans le sillage de cette expansion tous les capitalistes.

« La concurrence se transforme en monopole. Il en résulte un progrès immense de la socialisation de la production. Et, notamment, dans le domaine des perfectionnements et des inventions techniques. »

« Ce n’est plus du tout l’ancienne libre concurrence des patrons dispersés, qui s’ignoraient réciproquement et produisaient pour un marché inconnu. La concentration en arrive au point qu’il devient possible de faire un inventaire approximatif de toutes les sources de matières premières (tels les gisements de minerai de fer) d’un pays et même, ainsi que nous le verrons, de plusieurs pays, voire du monde entier. Non seulement on procède à cet inventaire, mais toutes ces sources sont accaparées par de puissants groupements monopolistes. On évalue approximativement la capacité d’absorption des marchés que ces groupements “se partagent” par contrat. Le monopole accapare la main-d’œuvre spécialisée, les meilleurs ingénieurs ; il met la main sur les voies et moyens de communication, les chemins de fer en Amérique, les sociétés de navigation en Europe et en Amérique. Le capitalisme arrivé à son stade impérialiste conduit aux portes de la socialisation intégrale de la production ; il entraîne en quelque sorte les capitalistes, en dépit de leur volonté et sans qu’ils en aient conscience, vers un nouvel ordre social, intermédiaire entre l’entière liberté de la concurrence et la socialisation intégrale. »

Dans toutes les branches d’industrie se forment des cartels qui deviennent des monopoles.

« Là où il est possible de s’emparer de la totalité ou de la majeure partie des sources de matières premières, il est particulièrement facile de former des cartels et de constituer des monopoles. Mais on aurait tort de penser que les monopoles ne surgissent pas également dans les autres branches industrielles, où il est impossible d’accaparer les sources de matières premières. »

À l’encontre de ce que peuvent vouloir faire croire les spécialistes de l’économie, l’impérialisme stade des monopoles ne change pas le mode d’exploitation des travailleurs bien au contraire, il l’accentue.

« Les moyens de production sociaux restent la propriété privée d’un petit nombre d’individus. Le cadre général de la libre concurrence subsiste, et le joug exercé par une poignée de monopolistes sur le reste de la population devient cent fois plus lourd, plus tangible, plus intolérable… »

De plus, la domination des monopoles ne diminue en rien les crises inhérentes au régime.

« Au contraire, le monopole créé dans certaines industries augmente et aggrave le chaos inhérent à l’ensemble de la production capitaliste. »

Domination du capital financier et de l’oligarchie financière
L’interpénétration du capital bancaire et du capital industriel marque la naissance du capital financier et de sa domination.
En effet, le développement des monopoles ne pouvait s’effectuer sans la transformation du rôle des banques. La banque dans le capitalisme sert d’intermédiaire dans les paiements, elle transforme le capital passif (l’argent) en capital actif (qui génère des profits). De par leur développement et le processus de concentration, les banques deviennent de grands monopoles.

« Au fur et à mesure que les banques se développent et se concentrent dans un petit nombre d’établissements, elles cessent d’être de modestes intermédiaires pour devenir de tout-puissants monopoles disposant de la presque totalité du capital-argent de l’ensemble des capitalistes et des petits patrons, ainsi que de la plupart des moyens de production et de sources de matières premières d’un pays donné, ou de toute une série de pays. »

Lénine donne des exemples significatifs de ce processus de concentration sans précédent :

« À la fin de 1913, Schulze-Gaevernitz évaluait les dépôts des neuf grandes banques berlinoises à 5,1 milliards de marks sur un total d’environ 10 milliards. »
« À la grande banque parisienne du Crédit Lyonnais, le nombre des comptes courants est passé de 28 535 en 1875 à 633 539 en 1912. »
Les petites banques disparaissent ou sont absorbées par les grandes.
« Les grandes entreprises, les banques surtout, n’absorbent pas seulement les petites, elles se les “rattachent” et se les subordonnent, elles les incorporent dans “leur” groupement, dans leur “consortium”… »

Ces différents exemples montrent de manière concrète que :

« la concentration des capitaux et l’accroissement des opérations bancaires modifient radicalement le rôle joué par les banques. Les capitalistes épars finissent par ne former qu’un seul capitaliste collectif. »

Dans le cours de ce développement et par la concentration,

« une poignée de monopolistes se subordonne les opérations commerciales et industrielles de la société capitaliste tout entière ».

Ils peuvent ainsi contrôler tout ou presque des mouvements de capitaux de la plupart des entreprises.

« Grâce aux liaisons bancaires, grâce aux comptes courants et à d’autres opérations financières, les banques peuvent connaître tout d’abord exactement la situation de tels ou tels capitalistes, puis les contrôler, agir sur eux en élargissant ou en restreignant, en facilitant ou en entravant le crédit, et enfin déterminer entièrement leur sort, déterminer les revenus de leurs entreprises, les priver de capitaux, ou leur permettre d’accroître rapidement les leurs dans d’énormes proportions, etc. »

Les entreprises sont ainsi sous le contrôle des grands groupes bancaires avec lesquels elles travaillent.

« Si la banque “réunit” entre ses mains d’énormes capitaux, si la tenue des comptes courants d’une entreprise permet à la banque de connaître avec toujours plus d’ampleur et de précision la situation économique du client, il en résulte une dépendance de plus en plus complète du capitaliste industriel à l’égard de la banque. »

Dans le même temps,

« se développe, pour ainsi dire, l’union personnelle des banques et des grosses entreprises industrielles et commerciales, la fusion des unes et des autres par l’acquisition d’actions, par l’entrée des directeurs de banque dans les conseils de surveillance (ou d’administration) des entreprises industrielles et commerciales, et inversement ».

Ainsi, les six plus grandes banques berlinoises étaient représentées par leurs directeurs dans 344 sociétés industrielles et, par les membres de leur conseil d’administration, encore dans 407, soit un total de 751 sociétés.
Cette dépendance du capital industriel envers le capital bancaire, ou leur interpénétration, se traduit par la formation du capital financier et sa domination.

« Il en résulte, d’une part, une fusion de plus en plus complète ou, suivant l’heureuse formule de N. Boukharine, une interpénétration du capital bancaire et du capital industriel, et, d’autre part, la transformation des banques en établissements présentant au sens le plus exact du terme un “caractère universel”. »

Le règne du capital financier

« Ainsi, le XXe siècle marque le tournant où l’ancien capitalisme fait place au nouveau, où la domination du capital financier se substitue à la domination du capital en général. »
« Concentration de la production avec, comme conséquence, les monopoles ; fusion ou interpénétration des banques et de l’industrie, voilà l’histoire de la formation du capital financier et le contenu de cette notion. »

L’oligarchie financière domine parce qu’elle règne sur le capital financier. L’émission de valeur est d’une rentabilité exceptionnelle, c’est la principale opération du capital financier. Elle joue un rôle très important dans le développement et l’affermissement de l’oligarchie financière. Le monopole pénètre dans tous les domaines de la vie sociale et y affirme sa prépondérance.

« La suprématie du capital financier sur toutes les autres formes du capital signifie l’hégémonie du rentier et de l’oligarchie financière. »

Il existe par ailleurs un petit nombre d’États financièrement puissants par rapport à tous les autres : Angleterre, États-Unis, France, Allemagne.

« Ensemble, ces quatre pays possèdent 479 milliards de francs, soit près de 80% du capital financier mondial. Presque tout le reste du globe est, d’une manière ou d’une autre, débiteur et tributaire de ces pays, véritables banquiers internationaux qui sont les quatre “piliers” du capital financier mondial. »

Exportation de capitaux
Le capitalisme se caractérisait par l’exportation de marchandises, dans son stade impérialiste, c’est l’exportation de capitaux qui devient principale.
Au cours de ce développement des grands monopoles, les échanges prennent une autre dimension. Il y a extension des échanges nationaux autant qu’internationaux, mais le développement entre les différents pays est inégal.
Les pays développés peuvent exporter des capitaux en grandes quantités, car ils détiennent des excédents importants de capitaux, qui n’ont pas pour objectif le développement de toute la société, mais d’en retirer du profit.

« Certes, si le capitalisme pouvait développer l’agriculture qui, aujourd’hui, retarde partout terriblement sur l’industrie, s’il pouvait élever le niveau de vie des masses populaires qui, en dépit d’un progrès technique vertigineux, demeurent partout grevées par la sous-alimentation et l’indigence, il ne saurait être question d’un excédent de capitaux. »

En outre,

« les possibilités d’exportation de capitaux proviennent de ce qu’un certain nombre de pays attardés sont d’ores et déjà entraînés dans l’engrenage du capitalisme mondial, que de grandes lignes de chemins de fer y ont été construites ou sont en voie de construction, que les conditions élémentaires du développement industriel s’y trouvent réunies, etc. ».

L’exportation des capitaux est aussi fonction des possessions coloniales des pays industrialisés. L’exemple de l’Angleterre est significatif à cet égard.

« Pour l’Angleterre, ce sont en premier lieu ses possessions coloniales, très grandes en Amérique également (le Canada, par exemple), sans parler de l’Asie, etc. Les immenses exportations de capitaux sont étroitement liées ici, avant tout, aux immenses colonies… »

D’une autre façon la France exporte des capitaux pour des prêts ou des emprunts d’État.

« À la différence de l’impérialisme anglais, colonialiste, l’impérialisme français peut être qualifié d’usuraire. »

Le capital financier agit ainsi dans tous les pays du monde.

« Les exportations de capitaux influent, en l’accélérant puissamment, sur le développement du capitalisme dans les pays vers lesquels elles sont dirigées. Si donc ces exportations sont susceptibles, jusqu’à un certain point, d’amener un ralentissement dans l’évolution des pays exportateurs, ce ne peut être qu’en développant en profondeur et en étendue le capitalisme dans le monde entier. »

En plus de retirer des profits de ses placements le pays investisseur tire bien d’autres avantages.

« Le capital financier a engendré les monopoles. Or, les monopoles introduisent partout leurs méthodes : l’utilisation des “relations” pour des transactions avantageuses se substitue, sur le marché public, à la concurrence. Rien de plus ordinaire que d’exiger, avant d’accorder un emprunt, qu’il soit affecté en partie à des achats de produits dans le pays prêteur, surtout à des commandes d’armements, de bateaux, etc. »

Un lien presque incontournable se tisse entre investissements de capitaux dans un pays et la maîtrise de son marché.

« L’exportation des capitaux devient ainsi un moyen d’encourager l’exportation des marchandises. Les transactions entre des entreprises particulièrement importantes revêtent, dans ces circonstances, un caractère tel que pour employer cet “euphémisme” de Schilder, “elles confinent à la corruption”. »

Le rôle des banques est central.

« Le capital financier jette ainsi ses filets au sens littéral du mot, pourrait-on dire, sur tous les pays du monde. Les banques qui se fondent dans les colonies et leurs succursales, jouent en l’occurrence un rôle important. »

Pour conclure sur ce point et annoncer le suivant, on peut ainsi se référer à cette citation :

« Les pays exportateurs de capitaux se sont, au sens figuré du mot, partagé le monde. Mais le capital financier a conduit aussi au partage direct du globe. »

Partage et repartage du monde
Le partage du monde entre les puissances exportatrices de capitaux implique ainsi le partage effectif des différentes zones du globe, et lorsque ce partage est arrivé à son terme, la nécessité d’un “repartage”.
Le partage se caractérise par le fait que “les super monopoles” peuvent être seuls à contrôler une branche d’industrie et à maîtriser les marchés. Ils peuvent dans ce cas s’entendre sur les champs d’actions de chacun.
Pour exemple, l’industrie électrique :

« la concentration progressa à pas de géant. Jusqu’en 1900, il y avait eu dans l’industrie électrique sept ou huit “groupes” formés chacun de plusieurs sociétés (au total 28), et dont chacun était soutenu par des banques au nombre de deux à onze. Vers 1908-1912, tous ces groupes avaient fusionné pour n’en former que deux, voire un. »
« Ainsi se sont constituées deux “puissances” de l’industrie électrique. “Il n’existe pas au monde d’autres sociétés d’électricité qui en soient entièrement indépendantes”, écrit Heinig dans son article La voie du trust de l’électricité. »

En fonction de cette logique, les groupes peuvent parvenir à se mettre d’accord pour occuper le monde de façon à ce que chacun puisse en tirer le maximum.

« Des accords spéciaux, naturellement secrets, règlent l’activité des filiales, qui pénètrent dans de nouvelles branches de l’industrie et dans les pays “nouveaux” qui ne sont pas encore formellement inclus dans le partage. Il s’institue un échange d’expérience et d’inventions. »

Sur cette base, certains économistes ont pu imaginer que la direction de l’économie par “les super monopoles” conduirait à la paix ou se révélerait favorable à l’intérêt des consommateurs. Lénine dénonce cette illusion :

« Les monopoles n’ont jamais eu pour but ni pour résultat d’avantager les consommateurs, ou même de laisser à l’État une partie des bénéfices de l’entreprise, mais [ils] ont toujours servi à assainir, aux frais de l’État, l’industrie privée dont la faillite est imminente. »

De fait les monopoles participent de la lutte pour le partage (et repartage) du monde par les différentes puissances.

« Les monopoles privés et les monopoles d’État s’interpénètrent à l’époque du Capital financier, les uns et les autres n’étant que des chaînons de la lutte impérialiste entre les plus grands monopoles pour le partage du monde. »

S’ils travaillent à se partager le monde,

« ce n’est pas en raison de leur scélératesse particulière, mais parce que le degré de concentration déjà atteint les oblige à s’engager dans cette voie afin de réaliser des bénéfices ».

Le partage se fait :

« “proportionnellement aux capitaux”, “selon les forces de chacun”, car il ne saurait y avoir d’autre mode de partage en régime de production marchande et de capitalisme ».

En définitive, partage économique et partage territorial sont en relation : partage économique entre monopoles et partage territorial entre États.

« L’époque du capitalisme moderne nous montre qu’il s’établit entre les groupements capitalistes certains rapports basés sur le partage économique du monde et que, parallèlement et conséquemment, il s’établit entre les groupements politiques, entre les États, des rapports basés sur le partage territorial du monde, sur la lutte pour les colonies, la “lutte pour les territoires économiques ”. »

Dès le début du XXe siècle, le monde est entièrement partagé entre les grandes puissances.

« La politique coloniale des pays capitalistes en a terminé avec la conquête des territoires inoccupés de notre planète. »

Cela signifie que les différents monopoles et les différentes puissances visent dès lors de nouveaux partages à leur profit.

« Le monde se trouve entièrement partagé, si bien qu’à l’avenir il pourra uniquement être question de nouveaux partages, c’est-à-dire du passage d’un “possesseur” à un autre, et non de la prise de possession de territoires sans maîtres. »

Le stade suprême du capitalisme, l’impérialisme, indique Lénine, se caractérise ainsi par les points suivants :

« 1/ Concentration de la production et du capital parvenue à un degré de développement si élevé qu’elle a créé les monopoles, dont le rôle est décisif dans la vie économique,
2/ fusion du capital bancaire et du capital industriel, et création, sur la base de ce “capital financier”, d’une oligarchie financière,
3/ l’exportation des capitaux, à la différence de l’exportation des marchandises, prend une importance toute particulière,
4/ formation d’unions internationales monopolistes de capitalistes se partageant le monde,
5/ fin du partage territorial du globe entre les plus grandes puissances capitalistes. »

Le premier point à retenir c’est que le stade impérialiste du capitalisme ne supprime pas les contradictions de ce mode de production, dont l’objectif n’est pas la satisfaction des besoins sociaux, mais la recherche du profit et du profit maximum. La phase impérialiste du capitalisme exacerbe les contradictions de classes, la concurrence entre capitaux, la rivalité entre puissances mondiales.
Comme le monde est entièrement partagé depuis le début du XXe siècle, la lutte pour les marchés et le contrôle des différentes zones du monde, se révèle plus aiguisée que jamais. On n’est plus dans la période du partage mais bien dans celle du repartage (la Première Guerre mondiale fut la première grande guerre de repartage du monde entre grandes puissances, la seconde aussi, bien que l’existence de l’Union Soviétique en ait modifié les formes). Aujourd’hui de nouveaux prétendants à un repartage se manifestent sur la scène mondiale.
Partout les grands groupes impérialistes sont obligés de « défendre leurs propres marchés », mais aussi se battre pour en gagner contre leurs concurrents. Le combat est devenu permanent.
Tant que les peuples seront dans le régime capitaliste, les lois de ce régime s’imposeront en dehors de la volonté des hommes, en sachant bien que le capitalisme à son stade suprême, celui de l’impérialisme, n’est pas incarné par une seule puissance (qui serait “l’ennemi principal”, les États-Unis par exemple), l’impérialisme en effet, indique Lénine, a pour essence « la lutte ou la rivalité de plusieurs puissances entre elles pour l’hégémonie mondiale ».

NOTE

(1) Lénine appuie son analyse sur études et des données objectives déjà mises au jour par des économistes bourgeois ou socialistes de l’époque (Hobson, Kautsky, Hilferding, Heymann, Kestner).

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