Sébastien Saur, Signal et l’Union Soviétique 1940-1944. La propagande de l’Allemagne national-socialiste et l’Union soviétique

Dans le cadre d’une stratégie d’hégémonie mondiale, la puissance allemande en guerre, de 1939 à 1945, a publié une revue de propagande luxueuse illustrée de nombreuses photos, Signal, officiellement destinée aux pays occupés d’Europe et traduite en 25 langues différentes. Le tirage était de 2,5 millions d’exemplaires, dont 800 000 pour la France. Cette revue diffusait, notamment en direction des pays occupés par les troupes du Reich, des points de vue “orientés” sur l’URSS. Parmi les thèmes abordés dans l’édition française, ces représentations et points de vue ont fait l’objet d’une étude : Sébastien Saur, Signal et l’Union Soviétique (Signal, édition française, 1940—1944), éditions Anovi, 2004. Dans ce travail, l’auteur fait ressortir les caractères et méthodes de la propagande allemande : comment désigner l’ennemi soviétique et communiste afin de masquer ses propres projets stratégiques, et viser à produire une rupture entre les Alliés (USA, Grande-Bretagne et URSS), s’efforcer de retourner les États-Unis et l’Angleterre contre les Soviets.

L’Union soviétique illustre l’utilisation particulière qui est faite de la propagande, celle-ci s’adapte aux conditions changeantes du déroulement de la guerre. On peut repérer trois phases : période autour du Pacte germano-soviétique de non-agression (août 1939) (1), période d’agression contre l’URSS (juin 1941) et invasion partielle, enfin, période de la défaite stratégique de l’Allemagne en 1945.

De 1939 à 1941 : la paix par le Pacte

Au cours de cette courte période de paix entre les deux puissances, les propagandistes allemands de la revue Signal doivent résoudre la quadrature du cercle : justifier un pacte entre deux puissances que tout oppose dans l’histoire.

« Pourquoi l’Allemagne et la Russie vont-elles main dans la main ? Les leçons de l’histoire (2). » Tel est le titre surprenant d’un numéro de 1941, qui s’efforce de trouver des arguments historiques en faveur d’une alliance entre les deux pays. Dans le même temps, les anglo-américains sont désignés comme l’ennemi du moment (3).

Signal fait état des intérêts communs de la Russie tsariste et de l’Allemagne (alors la Prusse) lors de la guerre de Crimée, ceci afin de mieux dénoncer la politique perfide de l’Angleterre, désignée comme responsable de toutes les guerres, y compris celle de 1939. Signal se garde bien de préciser quels étaient les buts de guerre pour la Russie (que ne pouvait accepter la puissance britannique), et sa défaite en 1856. L’Angleterre est dénoncée comme la puissance qui a empêché la Russie de s’étendre et de s’accaparer des Détroits (Balkans). L’amitié entre les deux pays jusqu’au congrès de Berlin en 1878 est exaltée.

Parmi les alliés du Reich se trouvent l’Italie et le Japon grâce au Pacte Tripartite signé le 27 septembre 1940. Il est clair que cette alliance avec le Japon n’entre pas dans le schéma défendu par la propagande allemande puisque cette puissance est en guerre avec la Russie depuis plusieurs décennies. Comment ménager la Russie et présenter positivement l’alliance avec le Japon ? La revue Signal va tordre la réalité pour les besoins du moment.

L’Angleterre est présentée comme puissance ayant eu pour vue d’utiliser le Japon contre la Russie à la suite de l’alliance anglo-japonaise du 30 janvier 1902. La guerre russo-japonaise de 1905, qui s’est soldée par la défaite de la Russie, est occultée ; les résultats diplomatiques des conférences de Pékin de 1925 et de Washington de 1921-1922, produits du repartage du monde issu de la Première Guerre mondiale, sont intervertis pour rendre les Américains responsables de la perte de la Sakhaline, par le Japon (4), et non la Russie. Le pacte anti-Komintern signé entre le Japon et l’Allemagne, le 25 novembre 1936, ainsi que la désignation du Japon comme ennemi par le Komintern en 1936, ne sont pas mentionnés ; enfin, les affrontements armés soviéto-japonais de juillet-août 1938 et de mai-août 1939, sont, eux aussi, purement et simplement “oubliés”. Il convient que les pays alliés dans le même camp, celui du Reich (Japon et URSS) ne puissent pas être présentés pour ce qu’ils sont : des ennemis.

Dans la Weltanschauung (vision stratégique globale) qu’elle présente, l’Allemagne feint de réserver une place à l’URSS, comme alliée, dans le repartage futur du monde, place au demeurant des plus modestes. Ainsi, la revue développe

« une théorie des sphères d’influence très proche de celle exposée par Hitler lors de la conférence de Berlin en novembre 1940. » (5).

Pour maintenir la paix universelle, le monde se trouve divisé en quatre sphères, contrôlées chacune par une puissance chargée d’y faire régner l’ordre : l’Extrême-Orient est attribué au Japon, l’Europe à l’Allemagne, l’hémisphère occidental aux USA et la Russie doit se contenter de ses positions européennes et asiatiques.

L’échec de la visite de Molotov (6) à Berlin, du 12 au 14 novembre 1940, n’est pas mentionné, la revue se contentant d’un reportage photographique au détriment d’un texte explicatif. L’amitié et l’alliance germano-soviétique sont présentées comme « plus solides que jamais » au lecteur de Signal.

Pour en terminer sur cette période, on remarque que le peuple soviétique est absent, seule une photo prise dans le transsibérien montre de jeunes officiers russes blonds, qui pourraient être allemands dit le commentaire (7). Dans ce même numéro, on insiste sur « leur courtoisie à l’égard des femmes ». À ce moment de “l’amitié” germano-soviétique, l’URSS est peuplée d’aryens courtois, il n’en sera plus question après. In fine, la nature socialiste du régime soviétique n’est pas abordée. Les différences et antagonismes irréductibles ont été lissés pour les besoins de la propagande du moment.

De juin 1941 à Stalingrad : guerre aux barbares !

À partir de l’opération Barbarossa, l’URSS fait l’objet d’un autre traitement : d’alliée de circonstance, son statut est désormais celui d’un ennemi qu’il faut détruire.

Comment en effet justifier l’invasion, en juin 1941, de l’Union Soviétique, encore alliée la veille ? C’est ce que va tenter Signal en axant sa propagande sur le principe suivant : le pacte germano-soviétique était le moyen par lequel Staline prétendait gagner du temps, afin de mieux se préparer militairement à envahir et conquérir l’Europe. Staline, est-il indiqué, veut frapper l’Allemagne dans le dos alors qu’elle fait la guerre à l’Angleterre sur le front Ouest (8). On dénonce un présumé double jeu de Staline : prétendant faire la paix avec le Troisième Reich, il visait en même temps à se rapprocher, en ennemi, des frontières allemandes, par l’invasion de la Pologne (contrairement à ce que stipulaient les clauses secrètes du pacte). Pour la propagande allemande, il s’agit de présenter l’invasion de l’URSS par la Wehrmacht comme une attaque préventive pour défendre les peuples européens contre les hordes bolchevistes qui veulent soviétiser l’Europe, voire contre les hordes mongoles de l’Est, “la Horde d’Or” (9), qui voulaient anéantir les peuples européens. À l’appui de la thèse, la Lettonie est citée comme exemple de soviétisation forcée.

Au début des opérations militaires et de l’invasion, la revue vante la supériorité de la Wehrmacht, elle annonce de lourdes pertes chez l’ennemi, puis l’anéantissement prochain de l’Armée Rouge (les Soviétiques reculent et beaucoup sont faits prisonniers) (10). Fin 1941, la retraite allemande devant les lignes de défense de Moscou, est présentée comme prévue (et censée se faire de façon ordonnée), la grande offensive russe de décembre 1941 est au contraire présentée comme désordonnée et sans objectif tactique ou stratégique. La réalité toutefois est différente. La Wehrmacht est encerclée et le front russe avance de plusieurs centaines de kilomètres. Toutefois, dans les commentaires de l’année 1942, l’incertitude quant à l’issue de cette offensive n’est pas occultée, les pertes allemandes sont montrées. La résistance héroïque (11) de Leningrad encerclée et affamée par les troupes allemandes n’est pas mentionnée. Moscou, qui a résisté, n’est plus présentée comme but de guerre, c’est l’Ukraine (blé) et le Caucase (pétrole), qui maintenant le sont. À ce stade, la Wehrmacht aurait mis la main sur plus de la moitié des richesses soviétiques (mines, agriculture, industries).

Les Soviétiques au combat (militaires et civils) sont présentés comme donnant du fil à retordre aux troupes allemandes. Les soldats pour leur part sont présentés comme des bandits, des pillards, voire des droits communs armés, tout juste échappés des prisons. Les prisonniers mis en scène sont photographiés mal rasés, sales, en guenilles, affamés après des combats ou des marches forcées de plusieurs jours dans la boue, sans manger (beaucoup meurent avant leur internement), afin de montrer l’état de dénuement des combattants d’un régime social, qui n’aurait pas les moyens de s’en occuper. Les soldats russes sont systématiquement dépouillés de tous leurs objets personnels redistribués aux Allemands, avant d’être photographiés. On les accuse aussi de vouloir se déguiser en civils pour échapper à la captivité. Autre mise en scène, comme il s’agit de montrer des prisonniers bien traités, les photos de prisonniers visent à masquer les traitements qu’ils subissent de la part de leurs ennemis, l’absence de nourriture, de soins médicaux, les exécutions sommaires, la soumission au froid.

La politique de la terre brûlée, annoncée par Staline dans son discours du 3 juillet 1941, consiste à ne rien laisser aux envahisseurs en cas de retraite. Cette politique est dénoncée par Signal : présentée comme source de misère pour le peuple soviétique et attribuée aux besognes sauvages des pillards bolchevistes. Signal en profite pour faire passer comme opérations de terre brûlée les résultats des pratiques sauvages allemandes contre les civils russes.

Les conditions d’existence de la population soviétique sont présentées comme étant des plus misérables, moyen pour justifier la lutte contre le système communiste. Ce régime n’aurait pas été capable de construire des voies de communication, celles-ci restent arriérées et empêchent l’avancée de l’armée allemande (ce qui détériore le moral des troupes). Toutefois, l’hiver 1941-1942, particulièrement froid, n’aurait produit aucun effet néfaste sur les troupes allemandes parfaitement équipées (en réalité, c’est l’enfer pour la Wehrmacht). De même, le régime communiste est présumé réserver au peuple un habitat pitoyable, qualifié de bidonville sordide : « immonde baraque […] cabane misérable […] dans une rue sale non pavée » (12), ceci alors que les “commissaires”, les “juifs”, les “artistes” et autres privilégiés habiteraient des immeubles neufs. Les civils sont décrits comme des ahuris, les paysans comme autant de mendiants sans vie intellectuelle. Signal dénonce la priorité donnée à l’armement qui a enlevé au peuple le strict minimum pour vivre et l’a affamé : le système communiste « c’était la famine » (13). Il en appelle à la croisade contre le bolchevisme qui représente l’esprit du mal : les troupes allemandes ont ressenti

« une sorte de terreur quand elles ont vu ce que le bolchevisme a réalisé en fait d’horreurs, de destruction, de profanation, de satanisme. Le seul succès est celui de l’esprit du mal. » (14)

Au sein de l’argumentaire, l’armée Allemande d’occupation est présentée comme étant celle qui libère les populations de la misère et de la terreur bolchevique, au début du moins (1941), et en Ukraine surtout. Des photos montrent l’accueil souriant de populations mises en scène par la revue. Goebbels note dans son journal :

« au début, la population de l’Ukraine était plus que portée à reconnaître dans le Führer le libérateur de l’Europe, et accueillit à bras ouverts les forces armées allemandes. » (15).

Les forces armées ne rétablissent-elles pas des offices religieux ! Dans les campagnes, la propagande vise à présenter le rétablissement de la production agricole, et l’assurance des récoltes par la population locale. Une réforme mettant fin au système des kolkhozes est signée le 15 février 1942, ce système aurait poussé, selon la revue, les paysans à la famine. Toutefois, d’après les observations d’Alexandre Dallin, cette réforme ne change rien dans les structures agricoles nouvelles appelées communes :

« Ces communes ressemblaient à s’y méprendre aux fermes collectives soviétiques. » (16).

Signal fait aussi état d’une aide allemande en matériel lourd (tracteurs, génératrices, charrues, outils divers) pour assurer une récolte, systématiquement confisquée par l’armée d’occupation ce qui bien sûr n’est pas mentionné. De même qu’est occultée l’activité systématique des Einsatzgruppen d’élimination physique des juifs et des communistes repérés dans chaque village occupé, ainsi que le travail forcé de toute la population. Toutefois, fin 1941, Signal aborde la question de « la peur » ressentie par les populations civiles, peut-être moins souriantes qu’au début.

De Stalingrad à la défaite stratégique de 1945 : chercher à unir les forces contre l’invasion de l’Europe et la domination du monde par l’URSS !

Au cours de cette période de reculs militaires et de défaites importantes, l’objectif de la propagande est plus que jamais de tenter d’isoler l’Union Soviétique, de la séparer de ses alliés anglo-américains, en faisant entrevoir au camp occidental une domination désastreuse de l’URSS sur l’Europe, puis sur le monde. L’armée allemande est présentée comme un bouclier protégeant les peuples de l’Est et l’Europe, mais aussi à terme les Anglo-Américains, d’une invasion bolchevique et d’une troisième guerre mondiale. Le discours prend une tournure géostratégique plus affirmée : il faut libérer l’Europe future du tyran Staline, et dans cet objectif préserver la puissance allemande.

En 1942-1943, la propagande se centre sur la participation “volontaire” des “peuples” de l’Est à leur libération du joug communiste, aux côtés de la Wehrmacht. Les Osttruppen (troupes de l’Est) et autres Ostarbeiter (travailleurs de l’Est) sont mis au premier plan dans de nombreux numéros. Les conditions de vie des travailleurs de l’Est, essentiellement des femmes, dans les industries allemandes (essentiellement d’armement),

« sont très idéalisées et ressemblent à une invitation pour les lecteurs à s’engager comme travailleur en Allemagne. » (17).

L’auteur évoque les nombreux montages photos de pure propagande à ce propos.

Revenant sur la réforme agraire, le paysan propriétaire individuel, travaillant à l’aide de ses seules mains et fier des produits de son labeur, est promu contre le malheureux kolkhozien qui travaille pour l’État, dépouillé de tout et esclave de la machine, du tracteur, bref de la déshumanisation mécanique du communisme, qui prive d’âme l’activité paysanne. Cette vision du travail paysan n’a plus aucune réalité (voir ci-dessus le commentaire d’Alexandre Dallin). Faut-il comprendre que les Allemands ont besoin de grandes récoltes pour nourrir l’armée d’occupation et l’effort de guerre en Allemagne même ?

Les Ostruppen ou « engagés volontaires » ou Hillfwilliger (volontaires auxiliaires) ont d’abord été recrutés au cours de l’hiver 1941-1942, comme chargés de travaux annexes (soins aux chevaux, surveillance des voies de communication), puis affectés à part entière au combat pour remplacer les défections à partir de l’été 1942. L’armée allemande et Signal mettent en avant le sentiment nationaliste anti-russe et antisoviétique des populations concernées. Toutefois, ce qui les pousse à s’engager, c’est leur situation immédiate et l’illusion d’un avenir meilleur : ils veulent sortir des effroyables camps de prisonniers dans lesquels les Allemands les ont parqués, et redoutent aussi l’application de décrets soviétiques qui considèrent comme traître tout soldat qui se rend à l’ennemi. Le dilemme est simple : en cas de victoire soviétique, être fusillé ou déporté ou alors mourir dans les camps allemands de prisonniers. Plusieurs “choisissent” la solution allemande. La revue fait une large place aux combattants tatars et aux détachements cosaques ; quelques allusions sont faites à l’armée fantôme du général Vlassov, fait prisonnier en 1942 et utilisé comme figure de propagande. Le magazine évoque encore les soldats du Turkestan, les Tartares de la Volga, des Arméniens, des Géorgiens, des Caucasiens du Nord, des guerriers de l’Azerbaïdjan, combattants volontaires contre l’oppresseur rouge. On peut voir aussi des combattants baltes sous l’uniforme de la Waffen SS.

Après la défaite de Stalingrad, dont l’importance est minimisée, puis la reconnaissance du recul stratégique de Koursk en juillet 1943, l’objectif est de montrer que la Wehrmacht devient le bouclier de l’Europe de l’Ouest et des Anglo-Américains face à l’invasion des peuples bolchévisés de l’Est. Dans les numéros de 1943, l’URSS est présentée comme un enfer concentrationnaire tandis que les livres publiés par des Américains (18) qui plaident la cause soviétique sont désignés comme étant des agents de la propagande stalinienne aux USA. La revue reproche aussi aux Anglais de ne plus désigner l’URSS comme ils le faisaient avant la guerre, du temps de leur antisoviétisme obsidional. À propos de Katyn, découverte annoncée à la radio de Berlin le 13 avril 1943, Signal se présente comme le grand défenseur de l’armée polonaise contre la barbarie soviétique, cet exemple visant à montrer ce qui attend les peuples de l’Occident en cas de victoire de l’Armée Rouge. L’Allemagne serait le seul rempart au déferlement soviétique sur l’Europe, il conviendrait alors que les Anglo-Américains changent leur stratégie, dénoncent leur alliance contre nature avec Staline, et prêtent enfin la main au Reich, au lieu de le laisser courir à une défaite qu’on imagine proche.

À partir de 1943, et en 1944 également, les références raciales se font de plus en plus précises : outre le fait que le monde est fait pour la race blanche (Voir no 11 de 1944), la victoire de Staline serait la soviétisation de l’Europe, la victoire d’idées sociales extravagantes parce qu’asiatiques, ou encore la victoire de l’Asie continentale (no 9 / 44). En dehors des Cosaques, répertoriés comme de race aryenne, les peuples russes et l’URSS auraient servi

« à préparer l’un des crimes les plus horribles de l’histoire mondiale ; la conquête du monde par la juiverie internationale. » (19).

***

Dans l’objectif de dissimuler ses buts de domination à l’Est et de compromettre l’alliance anglo-américano-soviétique, le Reich allemand, par sa propagande, telle qu’elle s’illustre dans Signal, joue sur l’ambivalence de l’ennemi soviétique, ennemi qu’on vise à présenter sous deux facettes au regard des alliés : celle d’une puissance concurrente susceptible de faire l’objet d’un dépeçage dans le jeu de repartage du monde au cours de la guerre ou après celle-ci, celle d’une puissance au mode de production économique antagonique du mode capitaliste, qui est celui des puissances anglaise, américaine et allemande. Si l’Allemagne n’a pu mobiliser pleinement l’antisoviétisme au cours de la guerre, bien qu’il soit équitablement répandu, c’est parce que la puissance allemande se présentait comme un danger mortel à ce moment-là pour les Anglo-Américains. Passée la défaite, il en sera autrement lors de la redistribution ultérieure des forces et influences mondiales.

NOTES
(1) Traité conclu le 23 août 1939. Le traité comportait plusieurs protocoles restés longtemps secrets. Ces protocoles délimitaient les sphères d’influence de l’Allemagne et de l’URSS dans les pays situés entre eux (pays scandinaves, pays baltes, Pologne, Roumanie…). La ligne d’un éventuel partage de la Pologne, si réorganisation territoriale il devait y avoir, était également spécifiée. Un partage entre zones eut effectivement lieu après que l’Allemagne nazie a envahi la Pologne le 1er septembre 1939, suivie par l’URSS le 17 septembre. La ligne de partage suivait à peu près le tracé de la ligne Curzon, qui aurait dû séparer la Pologne de la Russie après la guerre russo-polonaise de 1920. Henry Kissinger dans son livre Diplomatie, qualifie le pacte de « plus grand coup diplomatique de génie du xxe siècle ». Le pacte fut suivi, après les invasions des 1er et 17 septembre, du traité germano-soviétique du 28 septembre 1939. Source : Wikipédia.
(2) n° 4 / 41, p. 4-5, opus cité, note 1, p. 21.
(3) La France à ce moment n’est plus dans le grand jeu, elle n’existe plus comme puissance souveraine puisqu’elle est découpée en quatre zones : une partie nord occupée, avec Paris, est administrée par le Reich, l’autre, au sud, la zone “libre” est alliée de l’Allemagne, le Nord-Pas-de-Calais sont « zone interdite », l’Alsace et la Lorraine intégrées au Reich.
(4) Le Japon restitue le nord de l’île Sakhaline à l’URSS en Extrême-Orient.
(5) Opus cité, p. 26.
(6) Ministre soviétique des Affaires Étrangères à ce moment-là.
(7) Signal, n° 17/40, opus cité, p. 28.
(8) Londres est soumise à des bombardements visant à répandre la terreur (Battle of England) par la Luftwaffe (aviation de guerre allemande). Il faut rappeler que l’Allemagne n’a pas eu la puissance nécessaire pour supporter le combat sur deux fronts, Est et Ouest simultanément au cours de la Première Guerre mondiale. En 1939-1940, il lui fallait éliminer la France, être tranquille sur le front Ouest avant de s’attaquer à l’Est, objectif stratégique.
(9) Il s’agit d’une référence à l’invasion, et à l’occupation partielle et la soumission de la Russie médiévale par les Mongols de Gengis Khan et ses successeurs pendant deux siècles (1237-1480), période au cours de laquelle la civilisation russe fut ramenée à la sauvagerie et sa richesse pillée (Kiev, la capitale fut brûlée, etc.), à l’exception de Novgorod.
(10) Les meilleures armées sont préservées, mais les prisonniers feront l’objet de traitements inhumains tels que sévices, tortures, inoculations “expérimentales” de maladies infectieuses diverses, “expérimentations” de soumission aux grands froids, privations de nourriture, de soins etc., qui causeront la mort de plus de la moitié des prisonniers sur le chemin de la captivité, la Wehrmacht n’ayant pas prévu ou voulu de logistique (nourriture, couchages, infirmerie, baraquements). « Omer Bartov note que sur les 5 700 000 soldats russes capturés par les Allemands durant la guerre, 3 300 000 sont morts en captivité. » Contrairement aux conventions internationales, les soldats de l’Armée Rouge devaient être systématiquement éliminés. Opus cité, note 2, p. 56.
(11) La population de Leningrad a payé un lourd tribu à la résistance : 900 000 morts en quatre ans de siège.
(12) Opus cité, p. 65.
(13) Opus cité, p. 67, Signal, n° 19/41.
(14) Opus cité, p. 69, Signal, n° 14/42.
(15) Opus cité, p. 69. Citation extraite de la Revue d’Histoire de la Seconde Guerre mondiale, n° 130, avril 1983, page 71, article de Stephan Horak, « L’Ukraine entre les nazis et les communistes, 1941-1945 ».
(16) A. Dallin, La Russie sous la botte nazie, Paris, Fayard, 1970, page 268. Opus cité, page 70.
(17) Sébastien Saur, opus cité, page 75.
(18) Joseph E. Davies, ancien ambassadeur des États-Unis à Moscou et Wendell Willdie, envoyé en mission à Moscou par Roosevelt.
(19) n° 24/43, Numéro spécial de l’Est, p. 15, S. Saur, opus cité, p. 114.

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